• Une vraie famille.

    Une vraie famille.

    - Ludivine -

    Depuis que j'ai mis Dragée à la porte, la vie me paraît bien plus difficile. Personne ne s'occupant plus de la cuisine et des autres tâches ménagères, c'est moi qui m'y colle...

    Une vraie famille.

    Et j'avoue n'avoir jamais concocté un plat de ma vie...

    Une vraie famille.

    Il faut croire que mes talents culinaires laissent vraiment à désirer au point que ma fille se sente obligée de me prodiguer des conseils. Si j'ai bien compris, elle a appris tout ça dans les livres... et en observant son aînée, à qui je n'ai moi-même pas souvent accordé un regard. Mes deux grands sont beaucoup moins tendres que mes jumelles, s'ils trouvent ça immangeables, ils me le font clairement savoir à voix haut.

    - Mais t'as mis quoi là dedans, des brocolis ? Je déteste ça en plus !

    Je réprime une grimace, n'arrivant pas à me faire à l'idée que je ne connais absolument pas les goûts de mes enfants en repas. Moi qui pensais faire quelque chose de diététique...

    Une vraie famille.

    Au fil du temps je découvrais toutes ces tâches ingrates que j'avais délaissé à ma belle-fille et qu'à présent personne d'autre ne voulait faire.

    Une vraie famille.

    J'aurais peut-être pu tolérer une traînée pareille sous mon toit plutôt que de la mettre à la porte finalement...

    - Dragée -

    J'avais angoissé quand à la réaction de ma mère biologique en sonnant à sa porte, mais elle ne m'avait ni crié dessus, ni renié, elle m'avait permis de me changer et invité sous son toit. Et à présent elle me serrait dans ses bras, et je pouvais y sentir tout l'amour qu'elle n'avait pas pu me donner durant toutes ces années, comme une douce chaleur qui apaisait mes craintes.

    Une vraie famille.

    Ma mère vivait particulièrement modestement depuis qu'elle avait quitté mon père, j'avais quelque part l'impression qu'elle essayait de prouver qu'elle avait réellement aimé mon père, pas comme Ludivine qui ne vivait que pour l'argent.

    Une vraie famille.

    Pour la première fois depuis longtemps, ce n'était pas à moi de réaliser toutes les tâches à la maison, ma mère m'avait clairement fait comprendre que puisque j'étais enceinte je n'avais pas à faire tout ça. Évidemment je m'inquiétais beaucoup sur la suite, l'accouchement et la façon dont j'élèverais mon enfant... est-ce que j'en étais seulement capable ? Ma mère m'avait passé des tas de livres et donné des conseils, mais je restais tout de même angoissée malgré toutes ses paroles qui se voulaient rassurantes.

    Une vraie famille.

    Ma vie n'était pourtant pas que stress et pensée sombre, je découvrais les joies d'un vrai repas en famille, où je n'avais pas à manger dans mon coin après avoir servi le dîner, je pouvais discuter et apprécier à sa juste valeur chaque jour qui passait, sans me sentir mise à l'écart ou exploitée.

    Une vraie famille.

    J'apprenais au fil des jours à mieux connaître ma mère. Étant sans travail au moment où elle avait quitté mon père, elle avait repris un parcours universitaire malgré qu'elle ait dépassé la trentaine et à présent elle travaillait dans la police. Je l'admirais à ce propos, et ça me rappelait un peu ce que souhaitait faire Victorien plus tard. Pour ma part je tentais de l'aider le mieux que je pouvais, notamment en entretenant le jardin.

    Une vraie famille.

    Victorien m'était d'un vrai soutien, il passait souvent me voir après les cours, cours que j'avais pour ma part arrêté pour en prendre plutôt par correspondance. Il me paraissait parfois beaucoup plus enthousiaste que moi à l'idée du bébé à naître, et pourtant il savait tout comme moi de qui il était...

    Une vraie famille.

    Si je savais pouvoir me confier sans problèmes à ma mère, parler avec Victorien m'était également apaisant. S'il prenait la situation avec sérieux, il restait optimiste et cela m'aidait grandement à ne pas sombrer dans de sourdes peurs qui couvaient dans un coin de ma tête. Quand j’aurais accouché, c'est décidé, je lui dirais...

    Une vraie famille.

    Et évidemment, le moment que je redoutais le plus a fini par arriver, les premières contractions se sont faites sentir, j'ai perdu les eaux, et je crois que je n'ai jamais senti une telle vague de panique m'envahir de toute ma vie. Heureusement que ma mère était là, je ne sais pas comment ça serait passé si j'avais été chez Ludivine ou même si quelqu'un se serait préoccupé de mon sort. Bref, ma vraie mère a vite pris les choses en main et m'a emmené à l'hôpital. Si l'odeur d'antiseptique n'était pas très rassurante les sage femmes étaient quand à elles très gentilles. Après un temps qui me parut interminable et une bonne dose d'anesthésiant, je finis par enfin sortir de l'hôpital, ma fille dans les bras, ma petite Clara.

    Je ne savais que penser de cette petite chose fragile que je tenais dans mes bras avec mille précautions, mais en tout cas je ne pouvais tout simplement pas la détester. Peu importe qui était son père, c'était ma fille, ce monde si cruel ne lui ferait pas de mal, pas comme à moi. Je ne m'attendais pas à voir Victorien à ma sortie de l'hôpital vu l'heure tardive, pourtant il était bien là, et mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine.

     

    Une vraie famille.

    Même s'il n'a pas pu s'attarder, il n'a cessé de me poser des questions, si ça c'était bien passé, si c'était un garçon ou une fille, comment elle s'appelait... aucun doute que je le retrouvais dès le lendemain matin sur le seuil de ma porte. Puisqu'on était samedi, il passa la journée avec nous et j'en étais plus qu'heureuse.

    Une vraie famille.

    Pendant que ma mère chouchoutait sa petite fille - par ailleurs je rentrais enfin dans des vêtements de mon âge - je ne cessais de jeter des coups d'oeil en coin à Victorien quand à lui tout aussi extatique vis à vis de ce petit bébé. Je sentais mon coeur s'accélérer et mes mains devenir moites, il fallait que je lui dise... que je me lance...

    Ma mère avait compris et s'était éclipsé dans la chambre avec Clara, je m'approchais donc doucement de lui, le cœur battant la chamade, je ne savais pas quoi dire et plus il me regardait plus je me sentais nerveuse.

    Une vraie famille.

    Au final, un geste valait mieux que des mots, je me lançais en essayant de ne pas laisser ma tête s'envahir de pensées pessimistes qui me bloqueraient.

    Une vraie famille.

    Je ne savais qu'en penser, ce n'était pas comme avec Jeremy, c'était plus doux, moins fougueux, et tous ces sentiments qui se bousculaient pour avoir une place dans mon coeur trop petit pour eux me donnait du mal à définir ce que je ressentais exactement. Je l'avais longtemps considéré comme mon meilleur ami, tout simplement, mais il était aussi une personne de confiance, quelqu'un de bon, gentil et attentionné que j'étais sûre de connaître après tout ce temps passé ensemble, quelqu'un qui pouvait partager mes douleurs et mes peines... celui que j'aimais. Et... oui, là, je voulais lui faire savoir cela.

    Et il ne me repoussa pas, il m'attira plutôt contre lui pour prolonger notre baiser et je devinais qu'il devait patienter depuis longtemps. Alors, quand je lui ai demandé pourquoi il ne me l'avait pas dit, il m'expliqua simplement qu'avec tout ce que j'avais traversé ces derniers temps il n'avait pas osé. Et je me dis qu'il avait raison, peut-être que s'il avait fait le premier pas, j'aurais eu peur, j'aurais pensé à Jeremy, et je n'aurais pas pu accepter mes sentiments.

    Une vraie famille.

    Au fil du temps une certaine routine s'est installée, j'ai repris le lycée, et je passais tout de même le reste de mes soirées avec mon enfant. Je me demande si je serais une bonne mère pour elle, ne serait-ce pas trop difficile pour elle de grandir sans père ? De nouveau des doutes s'installaient dans mon esprit et je tentais de les oublier en lui donnant le plus d'amour possible, si bien que je sombrais dans le sommeil en l'observant elle-même dormir.

    Une vraie famille.

    Et finalement, le voilà, le grand jour pour moi, le temps de passer à l'âge adulte. Je me sens toute bizarre à l'idée de souffler les bougies de mes dix huit ans, j'entre enfin dans le monde des grands. Ma mère a préparé le gâteau, et Victorien est là bien sûr, il est déjà adulte lui, ayant fêté son anniversaire un peu avant le miens. Je me sens à la fois excitée et nerveuse, j'appréhende toutes les responsabilités qui vont me tomber dessus mais en même temps j'aurais mon diplôme, je pourrais travailler, aider ma mère, je n'aurais plus besoin de dépendre de quelqu'un.

    Une vraie famille.

    Et hop, dans un tourbillon, me voici adulte !

    Une vraie famille.

    Hurm... attendez-moi je reviens...

    Une vraie famille.

    Évidemment, dès que je suis sortie de l'armoire, c'est dans les bras de Victorien que je me suis précipitée, ma mère a dû se sentir bien seule en l'instant...

    - Tu te détaches les cheveux maintenant ?

    - Pourquoi ça ne me va pas ?

    - Si tu es parfaite...

    Une vraie famille.

    Ce fut ce moment que choisi Clara pour se mettre à pleurer, ma mère s'éclipsa voir ce qu'elle avait et ce fut ce moment où nous étions seuls tous les deux que choisit Victorien pour capter mon attention, il s'éclaircit la voix avant de commencer d'un ton nerveux que je ne lui connaissais pas :

    - Écoute Dragée j'ai quelque chose à te demander...

    Une vraie famille.

    Je lui retournais un regard interrogateur et il ne perdit pas une seconde de plus avant de mettre un genoux à terre et déclarer, des flammes dans la voix :

    - Veux-tu m'épouser ?

    Une vraie famille.

    S'il n'était pas fermement ancré dans ma poitrine, je suis certaine que mon coeur aurait fait un triple salto avant de s'envoler direction le septième ciel. C'était peut-être trop rapide, inattendu, mais la réponse fusa de mes lèvres avant même que mon cerveau ait eu le temps d'y réfléchir :

    - Oui !

    Une vraie famille.

    C'était comme un rêve, un autre monde, j'étais à présent très loin de mon ancienne vie, je n'avais pas à la supporter celle-la, au contraire je savourais chacune des secondes qui s'écoulaient, j'étais enfin libre, libre et heureuse.

    Les mois qui suivirent filèrent comme le vent, Victorien s'engagea en tant qu'enquêteur, et moi comme cuisinière. Ma mère fêta son anniversaire et devint senior et j'en parlais avec Victorien, mais j'y songeais depuis longtemps : il était temps pour nous d'emménager et de vivre par nous-mêmes, nous avions déniché une modeste maison non loin de la ville, et il était temps pour nous de partir. Par ailleurs, Clara avait elle aussi grandi, et mon coeur se serrait quand je remarquais qu'elle ressemblait énormément à son père, la même peau foncée et des cheveux blonds comme les blés. Mais elle restait ma fille, ma chaire et mon sang, et je l'aimais de toute mon âme.

    Une vraie famille.

    J'embrassais une dernière fois ma mère, la remerciant de tout ce qu'elle avait fait pour moi, avant de partir vivre par mes propres moyens, sans crainte de l'avenir, car je savais que je ne serais pas seule à l'affronter.

    ~~~

    Et voilà pour Dragée, je suis quand même trop sympa je trouve /SBAF/ On va retourner chez les Muscadet mais ne vous inquiétez pas, on reverra Dragée d'ici quelques temps ^^ ('fin pas de suite j'pas d'idées de crasses pour elle...)

    Bon, moi et le romantisme ça fait quatre, donc si ça vous fait l'impression d'avoir été écrit avec les pieds, c'est normal ouch


  • Commentaires

    1
    dulce_dream
    Dimanche 13 Décembre 2015 à 09:03
    Et bah voilà quand tu veux être gentille,tu y arrive quand même XD
    Sinon bienvenue à Clara j'espère que tu la laisseras tranquille elle au moins !
      • Dimanche 13 Décembre 2015 à 09:57
        Difficilement mais oui x)
        Je sais pas encore je me suis pas décidée sur la mentalité de cette génération ^^'
    2
    Dimanche 13 Décembre 2015 à 10:22

    Ludivine est tellement c*nne, que je commence à l'apprécier XD !

    Mais je vote pour dragée héritière o/ ! Comment ça, il faut un pur muscadet ? Bon, bah sinon, une des deux jumelles ^^' (La plus sympa intello )

      • Dimanche 13 Décembre 2015 à 10:41
        Oui c'est à se demander comment elle a pu nous pondre un génie 8D

        Oui Dragée c'est pas possible x) Mais j'vous donnerais de ses nouvelles ~ Pour l'histoire de l'héritier(e) sinon je pense en prendre deux x) *indécise dans l'âme*
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